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Foutu accident !


À mon bras, il n’y aura plus de femme.

Comment, voyons, pourrais-je allumer la flamme

Dans le cœur d’une jolie dame pas bancale ?

Plus que mon corps, devenu anormal,

Mes mots désormais je les hache.

Mes phrases ne sortent pas avec panache.

Foutu accident qui m’a volé mes lendemains,

Qui rythme mes journées du soir au matin.

Les repas à heures fixes au réfectoire,

Puis le goûter en attendant le repas du soir.

À trente-cinq ans je vis comme un vieux,

Là-bas, je sais, les soignants font de leur mieux.

Le soir avant de me coucher, je lirais le journal,

Je ferais comme si mon existence était normale.

Chaque jour je m’adapte à cette vie,

M’accroche aux soignants qui me sourient,

Mais dans le fond je suis bien triste

De ne plus pouvoir être en piste.

Foutu accident qui m’a volé mes lendemains,

Qui rythme mes soirs et mes matins,

M’enfermant dans ce petit appartement

Dans une maison où je suis résident.

Ici chacun a son fauteuil électrique.


Moi, la vie je lui ferais bien la nique.

Je voudrais retrouver mon corps d’avant.

Ils me disent : hé, tu es vivant, c’est le plus important !

C’est important pour qui ? À qui s’adresse cette phrase ?

Moi, sur le paradis, je voudrais mettre les pleins gaz.

Ils me font chier, à tous vouloir me sauver !

Alors je souris, j’ai été bien élevé, faut pas s’énerver !

Je voudrais retrouver mon corps d’avant,

Pour quitter ce tout petit appartement,

Redevenir un homme, trouver un boulot,

Puis une femme pour lui faire des marmots.

Putain d’accident qui m’a volé mes lendemains,

Qui rythme mes soirs et mes matins,


Au rythme d’une mélodie bon marché, d’un hit d’été

Qui vous reste à l’esprit, collé, englué,

Quand un abruti vient à la chanter,

Que vous ne pouvez vous en défaire !

Bordel, c’est fini, j’ai plus qu’à me taire !

Même pas le plaisir de pouvoir vous chanter un air,

Un air à la con pour faire chier, pour déplaire,

Dans ma bouche ce serait inaudible.

Franchement, il y a de quoi péter un fusible,

Depuis cet accident qui m’a volé mes lendemains.

Plus pareils sont aujourd’hui mes matins,

Alors de votre journée, profitez bien !

Et par pitié, à mes côtés, surveillez vos mots.

Dans ma gorge, j’ai assez de tous mes trémolos

Que je ne cesse d’étouffer, à chaque jour qui passe.

De vos projections, de vos peurs, je suis lasse !

Cependant, malgré tout, je vous embrasse.

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